Initiatives d'avenir dans le digital au Moyen-Orient
La transformation digitale et les startups : quel rapport ?
Les startups du monde arabe ne cessent de se propager, particulièrement dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) a connu des investissements importants en matière des startups, en plus du fort intérêt des entrepreneurs et des grandes firmes qui souhaitent...
lire plusLe continent africain et plus particulièrement les pays du MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) connaissent actuellement une révolution numérique et digitale accélérée. Les nouvelles technologies se développent à toute vitesse et sont en train de bouleverser toute la société. En effet, les habitudes de la population face au digital change fondamentalement leur manière de consommer l’information, d’échanger avec les autres et même la création d’entreprise.
Les pays du MENA sont un terreau fertile pour les startups digitales. Avec l’explosion de la digitalisation et des nouvelles technologies, elles se développent rapidement et connaissent un succès grandissant.
Dans ce site nous verrons donc plusieurs points : la situation actuelle du digital et les grandes tendances en 2018/2019 dans les pays du Moyen-Orient, les différents pays du MENA qui attirent les startups digitales et qui entament leur transition numérique et, pour finir, le développement de ces startups au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Une année 2018 placée sous le signe des technologies, des médias et des télécommunications en Afrique
En avril 2018, le cabinet d’audit et de conseil mondiaux, Deloitte, a dévoilé une étude concernant les évolutions des usages, de consommation et de marché en Afrique dans le secteur des technologies, des médias et des télécommunications en 2018.
Plusieurs données intéressantes ressortent de cette enquête :
- En 2018, 75% des foyers africains seront connectés à Internet grâce aux technologies mobiles comme les smartphones ;
- D’ici 2020, 660 millions d’africains devraient être équipés d’un smartphone ;
- En 2023, les utilisateurs interagiront 65 fois par jour en moyenne avec leur smartphone contre 50 fois en 2017 ;
- 80% des personnes utilisent leur smartphone plus d’une heure par jour ;
- 63% des utilisateurs de smartphones vont utiliser des applications de réalité augmentée comme les filtres selfies ;
- 45% des africains utilisent Internet pour suivre des événements en direct.
Tous ces chiffres témoignent bien de la transition numérique qui est en train de s’opérer dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Le digital gagne de plus en plus de terrain et modifie le comportement de la population. Ainsi, on peut voir qu’ils sont de plus en plus intéressés par les nouvelles technologies.
Les smartphones au cœur de cette révolution numérique
67% des utilisateurs de téléphones mobiles en Afrique déclarent vouloir acheter un smartphone pour leur prochaine acquisition. A cet égard, on constate qu’ils sont très intéressés par la technologie qui équipe leur téléphone. En effet, leur choix pour l’achat d’un smartphone se fait en fonction de la connectivité (75%), de l’autonomie (67%) et de la mémoire interne (65%). On peut donc dire que les habitants de cette région du monde sont donc très intéressés par les nouvelles technologies et les innovations.
L’explosion des smartphones change aussi le comportement social des utilisateurs. En effet, grâce à ces appareils connectés, les échanges entre les personnes sont favorisés. De même, la fréquence d’utilisation des smartphones augmente considérablement, non sans poser de questions.
La réalité augmentée de plus en plus présente et appréciée
La réalité augmentée est un procédé qui permet de superposer une image numérique sur une image réelle. Cette technologie existe depuis de nombreuses années mais elle s’est démocratisée auprès du grand public depuis peu. Elle est notamment très populaire dans les applications de partage de photo comme Instagram ou Snapchat. Ces dernières proposent des filtres selfies qui permettent de modifier le visage de la personne lorsqu’elle prend une photo ou une vidéo. En Afrique et dans les pays du Moyen-Orient, cette pratique s’est rapidement propagée et touche particulièrement les jeunes de 18 à 34 ans.
Néanmoins, la réalité augmentée peut aussi être utilisé dans les services. Par exemple, l’entreprise First National Bank a développé une application de réalité augmentée qui indique la distance vers les agences, les contacts et les heures d’ouverture, ou encore la maison d’édition Afrika Publishers en Afrique du Sud a lancé une application de réalité augmentée qui enrichit les livres des lycéens avec du contenu audiovisuel.
Le machine learning en pleine expansion
Le machine learning va de pair avec l’intelligence artificielle et désigne l’apprentissage automatique ou l’apprentissage statistique qu’une machine (au sens large) peut développer. En Afrique, ces innovations apparaissent surtout dans le secteur de la santé afin de faciliter l’accès aux soins de base dans les pays en développement. Concrètement parlant, elles permettent d’identifier des cancers grâce à des photos ou d’effectuer des tests de la vue et de dépister des maladies oculaires.
De plus, l’intelligence artificielle est aussi utilisée par différentes entreprises notamment pour détecter des intrusions de sécurité, pour résoudre des problèmes technologiques ou pour évaluer la conformité interne.
Le live de plus en plus populaire en ligne
Comme vu plus haut, on constate que les événements live prennent de plus en plus d’ampleur sur Internet. D’ici la fin de l’année 2018, le chiffre d’affaires de ce secteur sera de plus de 545 milliards de dollars. Cette somme impressionnante proviendra à 72% de la télévision et de la radio. D’un autre côté, les spectacles, les concerts, les événements sportifs, les conférences et le cinéma devraient générer 146 milliards de dollars.
Dans les pays d’Afrique, on constate que 45% des internautes suivent des événements en direct, essentiellement liés au sport. Cependant, il est à noter que seulement 25% d’entre eux sont prêt à dépenser plus de 20$ par an pour regarder des diffusions en direct sur Internet.
Le streaming musical et la presse numérique en ébullition
Grâce à cette enquête on remarque que les consommateurs sont de plus en plus enclins à payer pour du contenu en ligne. On estime que d’ici la fin de l’année 2018, un adulte sur deux dans le monde possédera au moins deux abonnements digitaux payants. En 2020, 50% en auront même quatre. Ces abonnements concernent principalement la musique et la VOD (Video On Demand ou vidéo à la demande en français).
Du côté des pays d’Afrique, les internautes sont surtout susceptibles de s’abonner aux journaux en ligne (58%), aux vidéos à la demande (39%) et à la musique (35%). Bashar Kiwan voit cette tendance d’un très bon œil. En tant que professionnel des médias traditionnels, il constate bien que la presse écrite traditionnelle est la première victime de la révolution digitale. En effet, les audiences sont en baisse et les lecteurs se tournent de plus en plus vers les supports numériques pour s’informer. Le fait que les internautes soient enclins à souscrire à un abonnement pour de la presse en ligne constitue la solution la plus simple pour la presse écrite traditionnelle qui souhaite mener à bien leur transition numérique. Pour Bashar Kiwan, la presse écrite papier doit s’adapter si elle ne veut pas mourir face au déferlement d’Internet. Pour ce faire, les journaux papiers peuvent tout à fait développer un site internet pour compenser leur perte de rémunération. Ainsi, les abonnements peuvent financer le bon fonctionnement du journal, de même, il est possible de recourir à des encarts publicitaires en ligne ou encore appeler à la générosité des internautes en leur demandant de faire un don, s’ils le désirent.
Au Moyen-Orient et en Afrique en général, le développement des médias digitaux est donc en plein essor notamment dans le domaine du streaming musical. Cette tendance s’appuie sur le renforcement du positionnement des leaders mondiaux dans le secteur comme Deezer ou Spotify mais aussi sur le développement de startups africaines.
Le Wifi de plus en plus présent dans les foyers
Enfin, on constate que l’Internet sans fil est de plus en plus présent dans les foyers des habitants du Moyen-Orient et d’Afrique. Dorénavant, les habitations sont couramment connectées à Internet via un réseau mobile cellulaire. Pour appuyer cette constatation, l’enquête montre que seulement 20% des 18-24 ans utilisent uniquement les données mobiles pour se connecter à Internet depuis chez eux. De plus, il s’agit, le plus souvent, de personnes issues des milieux ruraux qui ont des revenus moyens voire faibles. Cette donnée permet d’ailleurs de se rendre compte d’une autre avancée majeure dans les pays du MENA : le déploiement massif de la 4G et des forfaits mobiles qui offrent plus de data.
D’ici fin 2018, 75% des foyers situés en Afrique seront connectés à Internet via des technologies mobiles. De plus, la couverture géographique de la 3G ou de la 4G est clairement moins coûteuse que la couverture internet filaire, ce qui explique son expansion fulgurante.
Les différents pays du MENA qui ont déjà entamé leur transition numérique
Les évolutions précédemment citées ont lieux dans en grande majorité dans les pays du MENA, c’est-à-dire : les Emirats Arabes Unis, la Jordanie, le Maroc, le Liban, l’Arabie Saoudite, le Qatar, l’Oman, le Koweït, l’Egypte et l’Iran. Il est aussi important de signaler que tous ces pays connaissent une véritable explosion en terme de création de startup dans le domaine du numérique. Retour sur ces pays qui ont déjà entamé leur transition numérique.
Les Emirats Arabes Unis
D’après certaines rumeurs, les Emirats Arabes Unis seront le premier pays du monde à pouvoir bénéficier de la 5G, un réseau mobile 100 fois plus rapide que la 4G. Dubaï, la plus grande ville du pays symbolise toute l’ambition du pays en terme de transition digitale et de startups. Véritable carrefour entre l’Europe, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Asie, c’est un terrain idéal pour les startups.
La ville poursuit d’ailleurs le programme de transformation digital le plus ambitieux de son histoire : Smart Dubaï. D’ici 2021, ce plan a pour objectifs de transformer plus de 1100 services gouvernementaux en services e-gouvernementaux, d’introduire des véhicules autonomes et des services de transports intelligents dans la ville et de fournir à tous une connexion Wifi gratuit et à haut débit dans tout le pays.
Ces objectifs sont notamment portés par l’Exposition universelle de 2020 qui aura lieu dans le pays. Le slogan de cette édition montre bien l’ambition des Emirats Arabes Unis : « connecter les esprits, construire le futur ».
Il est également intéressant de noter que Dubaï est une ville qui attire 70% des investissements levés par les startups de la région MENA.
La Jordanie
La Jordanie a été le premier pays à développer un service de messagerie électronique en langue arabe : Maktoob. Son succès a même poussé Yahoo à le racheter en 2009. Ce n’est pas tout puisque le pays est aussi l’origine de Souq.com, un site d’enchères qui a été créé en 2005. Il a été racheté en 2017 par Amazon.
Ce succès a totalement transformé le pays et la capitale, Amman, a même été comparée à la Silicon Valley. Depuis, ce jour, le pays concentre un bon nombre de startups majoritairement dans le développement. L’écosystème local est très dynamique et la Jordanie possède une scène très active dans le domaine du gaming. Le pays est également spécialisé dans l’élaboration de contenus et de brand content.
Le Maroc
Le Maroc a pour ambition de devenir un pays fort d’Afrique. Pour ce faire, le gouvernement marocain multiplie les initiatives en faveur de l’économie numérique. Par exemple, la loi de finances de 2018 encourage les investissements en faveur des startups. D’un autre côté l’agence de développement numérique de décembre 2017 a pour objectif de diffuser les outils numériques.
Enfin, il est obligatoire de signaler le Plan Maroc Digital 2020 qui doit faire du Maroc le premier hub numérique du continent africain. Cependant, il est important de préciser que l’émergence des startups dans ce pays est difficile et doit encore être renforcée. Ce plan a pour objectif de réduire de 50% la fracture numérique dans le Royaume.
L’Arabie Saoudite
Le Prince Mohammed ben Salmane Al Saoud veut faire de l’Arabie Saoudite une référence en matière d’innovation. Grâce à un investissement de 500 milliards de dollars, il compte construire une nouvelle ville : Neom. Elle devrait réunir tout ce qu’il se fait de mieux en matière de transports autonomes, d’intelligence artificielle et de réalité augmentée. Située au carrefour de la Jordanie et de l’Egypte, la ville devrait stimuler l’industrie locale et diversifier l’économie du pays qui dépend encore trop du pétrole.
Le Prince décrit la ville en ces mots : « Cet endroit n’est pas pour les gens conventionnels ou les entreprises conventionnelles, ce sera un endroit pour les rêveurs pour le monde ».
Le Koweït
Le Koweït a lancé en 2002 le programme NTEC (National Technologie Enterprise Company) afin de faire émerger des startups innovantes.
L’Egypte
En Egypte, le secteur des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) est un des plus dynamiques du pays avec une croissance de 12,5% entre les années 2016/2017. D’ailleurs le taux de pénétration du mobile et de 110% et celui d’Internet est de 41,2%.
Dans les pays du MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), la révolution digitale s’effectue à grande vitesse. Elle bouleverse d’ailleurs tous les secteurs d’activité : politique, économie, médias, etc. il constate de plein fouet les ravages que les nouvelles technologies ont sur la presse écrite papier, la télévision ou encore la radio. Cependant, il est tout à fait possible de s’adapter en entamant la transition vers les surfaces numériques. Bien négociée, elle peut même s’avérer être un atout pour les médias traditionnels. De plus, ce changement semble être une nécessité inévitable pour ces derniers au vue des nouvelles innovations et des choix politiques qui sont fait dans ces pays. De plus, les populations entraînent aussi ce changement car elles se tournent facilement vers les nouvelles technologies qui apportent de nombreux avantages dans la vie de tous les jours. De nombreuses startups technologiques voient le jour dans les pays du MENA et de plus en plus d’initiatives se développent pour moderniser ces derniers.